samedi 2 décembre 2000

Annexe 27

Le convoi 73
parti de Drancy le 15 mai 1944 en direction des pays Baltes


Il convient de rappeler ici, comme cela a été indiqué précédemment, que le convoi 73 représente un cas tout à fait atypique et particulier dans l’histoire de la déportation des Juifs de France, pour plusieurs raisons, notamment parce qu’il a été dirigé vers Kaunas (Lituanie) où dix wagons ont été décrochés arbitrairement, tandis que les cinq autres continuaient la route vers Reval (aujourd’hui Tallinn), en Estonie. À telle enseigne qu’à titre exceptionnel, seul convoi de déportés de France, le convoi 73 dispose, depuis le 26 novembre 2006, d’une stèle commémorative spécifique au cimetière du Père-Lachaise, à Paris, parmi toutes celles qui sont dédiées non pas à des convois, mais aux camps où ils sont arrivés.

Par conséquent, en dehors de quelques cas particuliers (graffitis laissés par les déportés sur le mur du Fort IX de Kaunas, liste retrouvée concernant 34 déportés évacués de Reval à Stutthof en août-septembre 1944, etc.), nul ne sait quels sont les hommes décédés à Kaunas (Lituanie) ou à Reval (Estonie), sans oublier de mentionner ceux qui n’ont pas survécu au voyage proprement dit.

C’est pourquoi, sensible à mes remarques justifiées, Madame Solange APIK, qui était alors directrice de la DMPA, a bien voulu faire le nécessaire, en décembre 2003, pour que désormais les actes de décès des déportés du convoi 73, qui étaient jusqu’alors rédigés de manière extrêmement fantaisiste en raison de l’ignorance totale dans laquelle se trouvaient les familles de ces hommes jusqu’en 1994, soient rédigés de manière conforme à l’Histoire, à la Géographie, et à la loi n° 85-528 du 15 mai 1985.

Le convoi 73 emmenait 878 hommes vers les pays Baltes.
En 1945, il n’y eu que 22 survivants.

Au 1er novembre 2008, 60 arrêtés ministériels seulement, concernant les actes de décès des 856 hommes disparus en Lituanie ou en Estonie, ont été rédigés en toute conformité avec la loi du 15 mai 1985.

Au 1er novembre 2008, on dénombre 368 actes de décès à rectifier, pour une raison ou pour une autre, mais le plus souvent parce que le lieu et la date du décès sont incompatibles avec la loi précitée.

Parmi ces actes de décès à rectifier, on note ceux de 6 femmes et 2 hommes qui n’étaient pas dans ce convoi, comme en témoignent les listes originales de Drancy, celle du convoi 73 et celles des convois qui les ont conduits à Auschwitz. Il faut rappeler ici que le convoi 73 n’emmenait que des hommes, valides et aptes au travail.

Au 1er novembre 2008, on dénombre 433 déportés qui n’ont pas fait l’objet d’un acte de décès, ou dont l’acte de décès est peut-être en attente de rectification dans les bureaux ministériels.

Ces chiffres étant donnés sous réserve d’erreurs ou omissions : il est difficile de retrouver les arrêtés ministériels des déportés du convoi 73 qui mentionnent, par exemple, Auschwitz au lieu de Kaunas et Reval, faute du mot clé exact.

Le convoi 73 est l’exemple extrême de la nature des rectifications à apporter à ces actes de décès, dans la mesure où, contrairement aux autres convois, on ignore le lieu exact de leur décès, ces hommes étant arrivés dans deux pays différents, selon les uns ou les autres, ce qui a donné lieu à toutes sortes d’interprétations fantaisistes, comme indiqué dans le présent dossier.